Mardi matin, 10h20. L’aéroport Milan Bergame tourne à plein régime en cette période estivale. Soudain, tout s’arrête. Un homme vient de perdre la vie dans des circonstances qui glacent le sang. Comment Andrea Russo, 35 ans, a pu franchir toutes les barrières de sécurité pour finir aspiré par le moteur d’un Airbus A319 ? Retour sur les faits.
Le Déroulement Minute par Minute d’une Tragédie Annoncée
Ce matin du 8 juillet, Andrea Russo quitte son domicile de Calcinate au volant de sa Fiat 500 rouge. Direction : l’aéroport d’Orio al Serio. Mais dès son arrivée, quelque chose cloche.
La chronologie précise des événements :
• 10h15 : Les caméras de surveillance le filment en train de prendre un rond-point à contresens. Il abandonne sa voiture sur le parking, possiblement dans une zone réservée aux bus.
• 10h15-10h20 : Russo court vers le terminal et entre dans le hall des arrivées. La Polizia di Stato et les agents de sécurité tentent de l’intercepter.
• 10h20 : Le point de non-retour. Russo force une porte de service située dans le hall des arrivées, donnant directement accès au tarmac.
• 10h20-10h35 : Sur le tarmac, Russo se dirige vers le vol Volotea V7 3511 (immatriculation EC-MTF). L’Airbus A319 transporte 154 passagers et 6 membres d’équipage.
• Environ 10h35 : L’accident fatal. Russo approche d’abord le réacteur droit, puis se dirige vers le moteur gauche en fonctionnement.
Des Témoins Sous le Choc
Les passagers du vol Volotea ont assisté à la scène depuis leurs hublots. L’appareil, qui devait décoller pour les Asturies (OVD) en Espagne, venait de terminer l’embarquement ou était en phase de refoulement.
Des passagers d’un vol adjacent ont également été témoins. L’un d’eux raconte avoir vu Russo courir, poursuivi par des agents, avant le drame.
SACBO, la société gestionnaire de l’aéroport, a immédiatement activé son protocole d’urgence. Giovanni Sanga, président de SACBO, a déclaré que « l’événement dramatique a bouleversé toute la communauté aéroportuaire » et confirmé la pleine collaboration avec les autorités judiciaires.
Impact opérationnel :
- Fermeture totale de l’aéroport : 1 heure 40 minutes (10h20 – 12h00)
- Vols affectés : 29 à 30 selon les premières estimations d’ItaliaRimborso
- Passagers impactés : Plus de 5 000
- Vols annulés : Au moins 8
- Aéroports de déroutement : Milan Malpensa (MXP), Vérone Villafranca (VRN), Bologne (BLQ)
- Vol Volotea reprogrammé : Départ à 16h43
La Porte Non Sécurisée : Le Maillon Faible
L’enquête révèle que Russo a pu accéder au tarmac en forçant une simple porte dans le hall des arrivées. Cette porte, qui donnait directement sur la zone des avions, n’était pas équipée de système biométrique.
Selon les rapports, l’aéroport dispose pourtant d’équipements de sécurité modernes :
- Système de vidéosurveillance avec intelligence artificielle (installé en 2022)
- Badges électroniques et lecteurs biométriques sur d’autres accès
- Présence de la Polizia di Stato et de la Guardia di Finanza
Mais cette porte spécifique représentait une vulnérabilité critique dans le dispositif de sécurité.
Le précédent de mai 2025
Le syndicat Fit Cisl a révélé qu’un incident similaire s’était produit deux mois auparavant. Un homme avait réussi à pénétrer dans la zone sécurisée et s’était caché dans le train d’atterrissage d’un avion.
Le syndicat affirme avoir signalé par écrit cet incident au préfet de Bergame et à la direction de l’aéroport. Selon eux, aucune mesure corrective n’avait été prise.
Les Réactions Officielles Controversées
Face au drame, Pierluigi Di Palma, président de l’ENAC (autorité italienne de l’aviation civile), a déclaré publiquement que « le système de sécurité n’a pas montré de failles. »
Cette affirmation contraste fortement avec la réalité : un homme a pu passer d’une zone publique à un avion actif en quelques minutes.
Le procureur de Bergame, Letizia Aloisio, a ouvert une enquête pour « istigazione al suicidio » (incitation au suicide). Cette qualification technique permet d’élargir les pouvoirs d’investigation, notamment pour les perquisitions et l’accès aux données numériques.
Le paradoxe du SeMS
Le 2 juillet, six jours avant l’accident, SACBO annonçait fièrement que Milan Bergame devenait le premier aéroport européen à adhérer au programme SeMS (Security Management System) de l’IATA.
Ce système promet une approche « proactive et prédictive » de la sécurité, avec une amélioration continue et une culture de sécurité renforcée. Les événements du 8 juillet révèlent un décalage important entre ces ambitions et la réalité opérationnelle.
Milan Bergame : Troisième Aéroport d’Italie
L’aéroport d’Orio al Serio n’est pas une petite infrastructure régionale. C’est le troisième aéroport le plus fréquenté d’Italie, hub important pour plusieurs compagnies aériennes.
La tragédie pose des questions sur la sécurité dans l’ensemble du réseau aéroportuaire italien et européen. Si une telle faille peut exister dans un aéroport majeur, qu’en est-il des autres ?
Mesures immédiates prises :
- Suspension de toutes les opérations pendant l’intervention d’urgence
- Mobilisation de la Polizia di Stato, des Vigili del Fuoco (pompiers) et du personnel médical (Areu 118)
- Soutien psychologique pour les passagers, équipages et personnel au sol
- Lancement d’une enquête judiciaire sur place
Volotea : Gestion de Crise Exemplaire
Volotea, la compagnie aérienne espagnole, s’est retrouvée au cœur de cette tragédie sans aucune responsabilité. L’entreprise possède toutes les certifications requises :
- Certification IOSA renouvelée jusqu’en 2027, avec un système de gestion de la sécurité « parmi les meilleurs jamais évalués » selon l’IATA
- Conformité EASA totale
- Notation Skytrax : 4 étoiles
La compagnie a immédiatement pris en charge ses passagers et son équipage, organisant un soutien psychologique et reprogrammant le vol dans l’après-midi.
Les Conséquences pour la Sécurité Aéroportuaire
L’ENAC a demandé un rapport formel à SACBO sur l’incident. Les autorités européennes (EASA) suivent également la situation de près.
Changements attendus :
- Révision des protocoles de sécurité pour tous les accès landside-airside
- Audit complet des points d’accès non biométriques
- Formation renforcée du personnel sur les intrusions
- Révision possible des standards européens minimaux
Questions sur l’Accident de Milan Bergame
Comment la brèche de sécurité a-t-elle été possible ? Une porte non biométrique dans le hall des arrivées a pu être forcée. Cette porte donnait un accès direct au tarmac, représentant une faille majeure dans le dispositif de sécurité.
Y avait-il eu des signaux d’alerte ? Oui. Le syndicat Fit Cisl rapporte qu’un incident similaire s’était produit en mai 2025, avec un intrus trouvé dans le train d’atterrissage d’un avion. Cet incident avait été signalé aux autorités.
Quelle est la position officielle de l’ENAC ? Le président de l’ENAC a déclaré que le système de sécurité « n’a pas montré de failles », une affirmation qui contredit les faits établis.
Combien de temps l’aéroport est resté fermé ? L’aéroport a été fermé de 10h20 à 12h00, soit 1 heure et 40 minutes exactement.
Quel type d’enquête est en cours ? Le procureur de Bergame mène une enquête pour « incitation au suicide », ce qui permet des pouvoirs d’investigation élargis.
L’Onde de Choc Continue
Deux jours après le drame, l’aéroport de Milan Bergame a repris ses opérations normales. Mais les questions demeurent sur la sécurité réelle de nos aéroports.
Cette tragédie met en lumière le paradoxe de la sécurité aéroportuaire moderne : des systèmes sophistiqués coexistent avec des vulnérabilités basiques. Une simple porte mal sécurisée a suffi pour qu’un drame se produise.
Pour suivre l’actualité de la sécurité des transports, consultez La Presse Nationale.
L’accident mortel de l’aéroport Milan Bergame du 8 juillet 2025 restera comme un rappel tragique : en matière de sécurité aéroportuaire, le moindre point faible peut avoir des conséquences dramatiques.